01 avril 2010

Ce n'est pas un poisson d'avril !

Aujourd'hui, 1er avril, quelques catégories de handicapés chinois, 5 au total, vont pouvoir officiellement passer leur permis de conduire !

Jusqu'à ce jour, les seuls engins motorisés qu'ils pouvaient conduire en Chine étaient des tricycles guère pratiques (indissociables du fauteuil, donc impossible d'entrer dans un magasin ou un immeuble). Leur seule véritable utilité est de permettre à une grande majorité de leurs utilisateurs de se faire de l'argent de poche en se transformant en « taxi » et / ou de prendre l'air.

Les 5 catégories de handicaps sont : membre inférieur droit 右下肢残疾, les deux membres inférieurs 双下肢残疾, les déficients auditifs 听力障碍, léger problèmes du pouce droit 右手拇指缺失 et légers problèmes de préhension 手指末节. J'avoue ne pas très bien comprendre pourquoi les problèmes des membres inférieurs droits sont une catégorie à part, mais je vais tâcher d'éclaircir le mystère. Pour l'instant, je comprends qu'on peut être handicapé de la jambe droite ou des deux jambes, mais pas de la seule jambe gauche… ;-) Peut-être que les handicapés de la jambe gauche étaient déjà autorisés à conduire… •
  • Je viens de trouver in extremis la réponse. Ma supposition était la bonne : «由于有关政策法规的缺失或不到位,除左下肢残疾者外,绝大多数的残疾人还不能驾驶汽车。(du fait de lacunes dans la réglementation, en dehors des handicapés de la jambe gauche, jusqu'à présent, la plupart des handicapés ne pouvaient pas passer le permis de conduire.) »
    http://auto.changsha.cn/news/200704/t20070406_655111.htm
Cette grande nouvelle a été relayée à grands coups de média ! « La réglementation sur les conditions requises pour postuler au permis de conduire des véhicules à moteur (机动车驾驶证申领和使用规定) » a été modifiée en 2009 afin de permettre cette avancée historique ! Bien entendu, une visite médicale est requise et le seul endroit habilité est le Centre de réhabilitation sino-japonais de Pékin (). C'est moi qui rajoute « sino-japonais ». Pour avoir visité ce centre ultramoderne pour l'époque alors qu'il venait à peine d'être achevé et que seul l'étage de sport était en fonctionnement, je sais que sa construction a été financée presque entièrement par les Japonais.

Zhang Haidi 张海迪, bien placée pour être au courant des nouvelles, puisqu'elle est présidente de la Fédération chinoise des personnes handicapées (中国残疾人联合会), devrait être la première à passer ce fameux permis.

En réalité, il était temps, car nombreux sont les handicapés chinois qui conduisent sans permis de conduire depuis déjà bien longtemps en bidouillant des systèmes ad-hoc ou en important officieusement des systèmes de conduite portatifs comme on en trouve aux USA ou au Japon.

En 1988, il m'est arrivée une chose très drôle. La plupart des rares handicapés étrangers qui allaient en Chine à cette époque étaient des Américains (célèbres pour conduire des voitures automatiques). Comme française, je me suis fait alpaguer par l'association des Handicapés de Hangzhou, car quand j'ai eu confirmé que je savais conduire et que j'avais mon permis, on m'a demandé de venir faire une démonstration, parce que, bien évidemment, j'étais supposée avoir une voiture à boîte manuelle. Les handicapés chinois de cette association n'avait qu'une vieille voiture à boîte manuelle bidouillée pour pouvoir être conduite à la main.
N'ayant essayé qu'une fois auparavant de conduire avec une boîte manuelle et étant habituée à mon bon vieux cercle accélérateur depuis 1978, autant dire que ma démo n'a pas été très concluante, mais les parties de fou rire n'ont pas manqué.
Je me dis que ce n'est peut-être pas un hasard si une des rares auto-écoles officielles prêtes à former les candidats se trouve à Hangzhou… Pour l'instant, il existe 2 auto-écoles à Pékin, dont une a dépensé 4 000 000 yuan (433 000 €) pour l'accessibilité du centre et l'achat des aménagements et une à Hangzhou.

En tout cas, même si cette loi n'autorise pas encore tous les handicapés chinois à conduire, et même si je ne doute pas non plus qu'ils seront triés sur le volet et que pour quelques années encore, seuls en auront la possibilité les résidants des grandes villes avec des moyens financiers (le prix du permis est fixé à 3200 yuan par personne, soit environ 350 euros — un peu moins cher que pour les valides (4000-5000 yuan)), c'est une grande avancée et je m'en réjouis vraiment pour eux.
Les tétraplégiques, et bien plus encore les handicapés des membres supérieurs restent exclus de ce dispositif, mais ne désespérons pas. Je me souviens avoir traduit du chinois un article qui présentait le Katalavox de Martine Kempf, c'était en 1999. L'idée va bien finir par faire son chemin…

Quoi qu'il en soit, je souhaite courage et patience à ces futurs conducteurs, car connaissant les habitudes chinoises en matière de conduite et de discipline, je n'ose pas imaginer comment ni où ils vont bien pouvoir stationner leur voiture, si petite soit-elle (la loi ne les autorise qu'à conduire de très petites cylindrées automatiques 小型自动挡汽车).
Il est certes prévu de mettre en place dans la foulée des places de stationnement réservées… Mais chacun sait comment elles finissent partout dans le monde. Il suffit de faire un tour sur Faceb… et regarder le nombre de groupes, en anglais comme en français, qui font recette en demandant la suppression de ces places qui empêchent les braves gens non handicapés de stationner où ils le voudraient.

Bref, pour attester de leur condition, les conducteurs handicapés devront coller à l'avant et à l'arrière de la voiture un macaron avec le logo officiel du fauteuil roulant (人坐轮椅) de 10 cm de diamètre sur fond jaune fluo.

Pour plus d'infos :
En chinois, tous les journaux et toutes les télés en parlent depuis ce matin, il y a l'embarras du choix. J'en prends un au hasard :
“5类残疾人可以申领驾照了张海迪可能成为首批拿照的双下肢残 (5 catégories de handicapés peuvent s'inscrire au permis de conduire. Zhang Haidi pourrait être la première paraplégique chinoise à l'obtenir”,新民网, 1er avril 2010.

Fédération chinoise des personnes handicapées 中国残疾人联合会

东方时尚驾校 Auto-école orientale (Pékin)
丰顺驾校 Auto-école Fengshun (Pékin)
黄龙驾校 Auto-école Dragon jaune (Hangzhou)
(À ce jour, aucun de ces centres de formation à la conduite n'a mis en avant cette nouveauté sur son site Internet)

Normes du logo qui doit être apposé à l'avant et à l'arrière de la voiture (décembre 2009) :

En anglais (3 pages sur le site de CCTV, source chinoise donc) :
« New rule to put more disabled drivers on road », CCTV, 1er avril 2010.http://www.cctv.com/english/special/news/20100401/105983.shtml

Sources des images :

L'aménagement pour conduite manuelle mis à nu :
Nouveauté de la loi « Les cinq catégories de handicaps autorisées à conduire » (où il est précisé que pour les déficients auditifs ils doivent entendre à 50 cm minimum et que les handicapés moteurs doivent pouvoir monter et descendre seuls de leur véhicule :
Apparemment, je n'ai pas été la seule interloquée par cette jambe gauche (dessin reproduit ci-dessus) :

La Loi n'a pas modifié que cette partie, les conducteurs en état d'ébriété ont aussi fait l'objet de quelques amandements :

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10 février 2009

Du peuplier dans la politique étrangère de la RPC

Au cours de sa lecture de Rede (瑞德讲坛) prononcée au West Road Concert Hall à Cambridge le 2 février 2009 à l'occasion du 800e anniversaire de la prestigieuse université du même nom (Lecture intitulée « Voir la Chine à la lumière de son développement, 用发展的眼光看中国 ») — discours perturbé sur sa fin par un lancer de chaussure 仍鞋事件 —, Wen Jiabao 温家宝 a comparé le peuple chinois à une variété de peuplier qui pousse, entre autres, dans la zone désertique du Taklamakan 塔克拉玛干大沙漠 (bassin du Tarim 塔里木盆地). Il s'agit du fameux 胡杨 (huyang) dont il est fait mention dans de nombreux romans et poèmes chinois et qui, sur un plan plus concret, protège du désert les oasis disséminées de-ci de-là.
Cette variété de peuplier a toujours été un casse-tête pour la traduction ; la phase politico-culturelle du voyage en Europe de Wen Jiabao, offre l'occasion de se pencher à nouveau sur la question.

Au cours de son discours, Wen Jiabao a comparé le peuple chinois à cet arbre car, comme lui, il a de merveilleuses capacités à survivre et à résister dans des conditions extrêmes. Il a également indiqué un synonyme, ou plutôt un surnom, de cet arbre qui suggère une traduction plus facile à utiliser dans des textes littéraires que ses appellations scientifiques : populus diversifolia Schrenk, populus euphratica, Olivier, Balsamiflua euphratica (Olivier) Kimura, Populus ariana Dode, P. litwinowiana Dode ou Turanga euphratica (Olivier) Kimura.

Voici ce qu'a dit Wen Jiabao au cours de son éloge de cet arbre : « Il s'enracine à plus de 50 m sous terre, résiste à la sécheresse, aux tempêtes de sable, à la forte alcalinité du sol. Lorsqu'il vit, c'est pour quelque mille ans, une fois mort, il met bien mille ans à tomber et, une fois tombé, mille ans après il n'est toujours pas décomposé, c'est pourquoi il est appelé "arbre héroïque (英雄树)". » (他扎根地下50多米,抗干旱,斗风沙,耐盐碱,生命力极其顽强。它生而一千年不死,死而一千年不到,到而一千年不朽。世人成为英雄树。)

Ce huyang est un topos de la littérature chinoise et, dans les textes littéraires, on le trouve également sous l'appellation 胡桐, mais cela n'avance guère pour la traduction en français ;-) La mention d'une de ses nombreuses appellations populaires par Wen Jiabao et son explication permettent de contourner le problème en le traduisant par arbre héroïque ou peuplier héroïque.
De fait, de fil en aiguille, au cours d'investigations sur Internet, je me suis aperçue que cette traduction n'était guère éloignée de celle de Augustin Berque qui le traduit par « arbre paladin »:
« Les bois de huyang (Populus diversifolia) – cet arbre extraordinaire dont les racines vont chercher l’eau à près de vingt mètres sous le sable du désert mais qui est capable aussi de survivre à plusieurs mois d’immersion lors des hautes eaux du Tarim, qui exsude le sel et dont les feuilles ont forme changeante, cet «arbre paladin» (ying-xiong shu) qui depuis toujours a défendu les oasis contre le Taklamakan – sont en effet ici [Caohu] inclus depuis 1983 dans un secteur de protection de la nature. » (BERQUE, Augustin, « Carnet de terrain. Sans le Tarim », L'Espace géographique, p. 277-278).)
Cependant, il me semble que arbre paladin correspond plus à une autre appellation populaire de cet arbre, à savoir
Reste que cela traduit une appellation populaire et non le terme communément utilisé dans les textes que l'on retrouve en général sous la forme de peuplier, peuplier huyang, ou simplement huyang ou hutong dans les textes en français

Il pourrait être traduit par « peuplier diversifolié » puisque diversifolié est un terme de botanique répertorié dans certains dictionnaires français (Le Littré par exemple : « Terme de botanique. Qui a des formes dissemblables entre elles »).
En réalité, c'est cette traduction que j'avais envisagée en premier, sur le modèle de l'anglais qui traduit 胡杨 par diversiform-leaved poplar, autrement dit : « peuplier diversifolié ».

Maintenant, se pose la question de savoir si 胡杨 et 胡桐 sont effectivement synonymes. En effet, l'anglais traduit le premier comme précisé ci-dessus, mais, à l'entrée 胡桐 du dictionnaire chinois-anglais de John De Francis, on peut lire : « A tree of the Calophyllum family » (calophyllum signifiant belles feuilles. De kalo= beau et phullon= feuille), formule qui n'est pas franchement utilisable en l'espèce et qui, de plus, implique que nous soyons en présence de végétaux distincts (l'un appartenant aux salicacées, le 胡杨 (les peupliers et saules) et l'autre aux guttifères (ou Clusiacées), le 胡桐 (les arbres à latex).
De fait, 桐 peut désigner un arbre dont on tire une huile (桐油). Cependant, dans ce cas, il ne s'agit pas du 胡桐, mais du 油桐, c'est-à-dire un arbre dont on extrait une huile, appartenant aux aleurites et dont le nom scientifique est Vernicia fordii (Hemsl.) Airy-Shaw (ou aleurites fordii), soit en français l'abrasin de Chine ou l'oléococca qui ne pousse pas du tout dans les mêmes conditions environnementales, même si elles sont tout aussi etrêmes.
Mais 桐 peut encore désigner les pauwlownias (泡桐)…
桐 est donc un caractère qui peut demander du temps et de l'énergie pour identifier à coup sûr la plante ou l'arbre qu'il désigne dans un texte classique. D'autant que les Chinois eux-mêmes ont tendance à en faire des termes interchangeables dans la littérature. C'est le cas par exemple dans ce poème d'un fonctionnaire de l'État de la dynastie des Qing, Song Bolu 宋伯鲁 (1853-1932), intitulé《胡桐行》:

君不见……
额琳之北古道旁,胡桐万树连天长。
交柯接叶万灵藏,掀天踔地纷低昂。
矮如龙蛇欺变化,蹲如熊虎踞高岗,
嬉如神狐掉九尾,狞如药叉牙爪张。
« Avez-vous vu sur les bords des anciennes voies du nord de Elin, ces myriades de peupliers s'étendant à perte de vue.
Leurs branches entrecroisées et leurs feuilles si intelligemment mêlées, ployant d'un coup jusques au sol et se redressant aussi soudainement.
Les petits ondoient comme des calligraphies, s'agenouillent tels des tigres à l'affut sur un promontoire.
Les joueurs s'ébattent comme l'esprit du renard qui perd ses neuf queues, féroces comme un esprit malfaisant dents et griffes dehors…

Reconnaissons cependant, que d'un point de vue poético-symbolique, ces deux arbres, quoique différents, sont très résistants, vivent longtemps et dans des conditions extrêmes.

Ce fameux peuplier porte encore de nombreuses appellations populaires comme 托克拉克 transcription chinoise du terme Uigur «
torhaq » qui désigne cet arbre et qui signifie « le plus beau des arbres (最美丽的树) ; 活着的化石, le fossile vivant ; 盐碱地巨人, le colosse des terrains salino-alcalins ; 陶来, transcription chinoise du Mongol qui signifie 胡杨. Un village de Mongolie intérieure porte d'ailleurs ce nom (voir ici : http://www.taolai.com le site fonctionne ou ne fonctionne pas selon les aléas des connexions)…

Il faudrait encore mentionner les « larmes de peupliers diversifoliés» (胡杨泪). Car on dit que cet arbre pleure (胡杨会泪). En fait,
il est bien plus perméable à l'eau que la majeure partie des végétaux et il en absorbe le sel par les racines, par les branches, par le tronc, par les feuilles. Lorsqu'il en a absorbé une grande quantité, son tronc laisse échapper un liquide lorsqu'il est agressé par un coup de hache par exemple, une substance jaunâtre appellée « 胡杨碱, sel du peuplier ». En un an, un peuplier adulte peut produire plus de 10 kilos de cette solution salino-alcaline composée essentiellement de bicarbonate de sodium. Elle est utilisée pour faire gonfler les mantou (petits pains cuits à la vapeur). Sa pureté alcaline se situe entre 57 et 71 %. Outre cette utilisation alimentaire, cette solution alcaline sert à fabriquer du savon et des solutions de dégommage à base d' Apocynum venetum Linn. (plante qui pousse dans les zones salées, en bordure des déserts, au bord des fleuves aux nombreuses utilisations : textiles, médicales…)

Au cours de son discours, outre les peupliers diversifoliés, le souvenirs de Joseph Needham a été évoqué pour ses nombreuses contributions à la sinologie et Adam Smith qui prônait le partage du fruit du développement économique.

Quelques liens utiles

Sur le peuplier diversifolié 胡杨, son symbolisme, sa problématique environnementale et sa traduction

Des photos :
Photo de vernicia fordii 桐油 (abrasin de Chine)
http://www.floridanature.org/photos/Vernicia_fordii_15_&_Diptera,_Tallahassee,_20050326.jpg
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/07/Vernicia_fordii4.jpg
Illustration Populus euphratica oliv.
http://www.efloras.org/object_page.aspx?object_id=1438&flora_id=2
Illustration Apocynum Venetum Linn. (également connu sous le nom d'apocin maritime, mais les références en ligne ne sont pas légion…)
http://www.efloras.org/object_page.aspx?object_id=86457&flora_id=2

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21 janvier 2009

Adieu John De Francis 德范克 (1911-2009)

En apprenant la mort de John De Francis 德范克, que de souvenirs me reviennent en mémoire.
Tout ceux qui ont appris le chinois à L'Inalco 巴黎东方语言学院 dans les années 80 ne peuvent avoir oublié son célèbre manuel.
Et tout ceux qui l'ont appris plus précisément vers 1983-1984 se souviendront avec émotion de Madame Shi Meiren 史美人, venue tout droit de l'Institut des Langues de Pékin pour nous enseigner la langue, avec, comme support, ce manuel en anglais américain.
Nombre de leçons ont fait l'objet de remarques de sa part, notamment un célèbre : « Ah, là, Monsieur De Francis s'est trompé. ».
Néanmoins, malgré ses erreurs, Monsieur De Francis, comme l'appelait Madame Shi, avait mis au point un manuel d'apprentissage du chinois colossal, et très très utile, à une époque où les éditions des Langues étrangères de Pékin s'évertuaient à nous enseigner un vocabulaire plus communiste tu meurs !
En outre, Monsieur De Francis n'oubliait pas les graphies traditionnelles des caractères…
Et il utilisait le pinyin comme méthode de transcription, à une époque où les Américains étaient encore loin d'adopter le système officiel de transcription de la RPC…

Pendant la dépression américaine, ne trouvant pas de travail, sur les conseils d'un copain, il part en Chine et là, il attrapera le virus de la sinologie et de la langue chinoise : tout ceux qui s'y sont frottés sérieusement, comprendront aisément combien il est difficile de s'en désintoxiquer.
De retour aux États-Unis, il sera le premier à entamer une thèse en études chinoises à Yale. Mais, au plus fort de l'anticommunisme américain, des soupçons de sympathie communiste lui vaudront de ne plus trouver de travail et de vivre pendant pas mal de temps dans la précarité.

Né en août 1911, année de la fondation de la République de Chine, John De Francis s'est éteint à Hawai le 2 janvier 2009 après être tombé malade le jour de Noël 2008.

Son célèbre dictionnaire ABC Chinese-English Dictionary est inclus dans le très utile logiciel Wenlin 文林 , édité également à Hawai. C'est au site de présentation de ce logiciel que j'ai emprunté la photo qui illustre ce post.

Jusqu'à la fin de sa vie, John De Francis n'aura cessé d'œuvrer pour la connaissance du chinois. Il venait juste d'achever un dictionnaire en collaboration avec un collègue australien, dictionnaire qui sera publié à titre posthume..

Pour mieux connaître sa vie et son œuvre. L'hommage de ses amis (anglais) :

En chinois, présentation de John De Francis sur Wikipedia :

De nombreux articles ont également été publiés dans la presse américaine. Il suffit de fouiller sur le Net pour en prendre connaissance.

Libellés :

09 septembre 2008

Les zones sombres des Jeux paralympiques

Quand les querelles des Deux rives du détroit de Taiwan et les décisions nébuleuses du CIO minent les Jeux paralympiques.

Le Comité international olympique semble prendre des décisions sans grande concertation et surtout sans en avertir les athlètes concernés, c'est du moins ce que l'on peut déduire de la lecture d'une brève taiwanaise.

La catégorie F13 (pour malvoyants 视障) du lancer de javelot 标枪 aurait été supprimée sans qu'aucune raison claire ne soit venue en expliquer la raison. Résultat, Chiang Chih-chung 江志忠 [Jiang Zhizhong], un athlète taiwanais médaillé à Sydney et à Athènes ne pourra pas concourir à Pékin. Il n'a appris cette suppression que très tardivement.

Voir « Paralympiques : une annulation suspecte », Taiwan Info, 8 sept. 2008, http://taiwaninfo.nat.gov.tw/International/1220857165.html

La carte de visite de Chiang (en chinois)
http://www.president.gov.tw/2_special/2004_09lady/subject5_athletics_2.html

Dans un autre genre, les couacs (attendus) des Jeux

Une dépêche très éclairante de l'Afp, reproduite le 6 sept. 2008, dans le Taipei Times, pointe du doigt quelques problèmes d'accessibilité et confirme ce que je soupçonnais : l'accessibilité artificielle et très surfaite mise en avant par Pékin, et les éloges que l'on peut lire à droite à gauche sur le caractère merveilleux de l'organisation de ces jeux et sur l'accessibilité des transports, des locaux, etc.

Résultat, les handicapés chinois non sportifs n'auront pas accès en direct aux diverses compétitions. Il semble que les tricycles motorisés ne soient pas les bienvenus sur les lieux olympiques et que prendre le métro rendu à peu près accessible (avec aide constante) soit un parcours du combattant… Quant aux taxis accessibles, seuls 70 ont été mis en place pour tout Pékin…

On y apprend également que les chiens guides seront tolérés dans les bus de Pékin pendant les Jeux, mais ensuite, rien ne dit que cette mesure restera en vigueur, idem pour les véhicules accessibles mis à disposition des hôtes et délégations étrangers…

Je vous laisse découvrir les détails de ces couacs dans le Taipei Times du 6 sept 2008 :
« Beijing makes efforts to help, but hurdles remain », http://www.taipeitimes.com/News/sport/archives/2008/09/06/2003422392

Ou encore en français dans Le Matin (Maroc) du 5 sept. 2008 : « Pékin s'est rapproché des handicapés, mais des obstacles demeurent »
http://www.lematin.ma/Actualite/Express/Article.asp?id=97640

Je vous conseille aussi la lecture édifiante de l'article de Bruno Philip, « Des "volontaires" pour remplir les stades », paru dans Le Monde du 6 sept. 2008.
http://www.lemonde.fr/sports/article/2008/09/05/des-volontaires-pour-remplir-les-stades_1091908_3242.html#ens_id=1091186



© 20minutes.fr

Et, si vous voulez quelques infos générales, consulter le quotidien 20minutes, édition de Paris, qui a consacré sa Une du 8 sept. 2008 au nageur David Smétanine, médaillé d'or et en a profité pour faire le point sur deux pages. Vous pouvez télécharger le journal en Pdf sur le site :
http://www.20minutes.fr/pdf.php

Je mets également à disposition, les 3 pages concernées en pdf :
http://www.sinoiseries.org/080908SmetanineOrNat.pdf

Suite au prochain épisode…



07 avril 2008

Divagations sur les Jo

Moi qui ne suis pas sportive pour deux sous, me voici embarquée dans le feuilleton des JO.
Faut dire, ça ouvre pile poil le jour de mon anniversaire…

Bref, je reste atterrée en suivant les aventures de cette flamme qui fait plus de bruit que de feu, tant en Chine qu'en France.

C'est tout de même un comble !
En France, on n'a pas les moyens de rendre les transports en commun accessibles aux handicapés, mais on a les moyens de les rendre accessibles à une flamme et de les protéger d'un cordon de policiers prêts à bondir sur tout ce qui bouge ou qui flotte un peu trop haut.

Aujourd'hui, on eut dit que Paris était en état de siège.
Côté télé chinoise, les images sont allègrement reprises pour nous montrer le magnifique travail des policiers français qui arrachent des drapeaux tibétains des mains des manifestants.
Bien sûr, black out sur les drapeaux de RSF sur la tour Eiffel, Notre-Dame, et autres bâtiments aussi symboliques que la flamme…

Quant au drapeau chinois, il avait été largement distribué par l'ambassade chinoise aux étudiants inscrits en France. 
C'est sûr qu'en les prenant par la corde sensible, celle du nationalisme, ça risquait de marcher. Et ça a marché, quel que soit par ailleurs ce que certains d'entre eux pensent de la politique répressive de leurs dirigeants.

À ce propos, je crois que les Occidentaux ne mesurent pas le degré très fort de sentiment d'appartenance à leur pays des Chinois, toutes opinions confondues.
Et de toute façon, ils sont une très grande majorité à croire dur comme fer en la vertu civilisatrice des Chinois sur tout ce qu'on appelle « minorité nationale » dans leur pays, voire plus loin encore.

À propos du Tibet, il y a pas mal de méconnaissance de part et d'autre (je veux dire côté chinois et côté occidental).
Personnellement, je ne garde de me prononcer pour l'indépendance du Tibet.
Si, la relation Chine Tibet est effectivement très ancienne, il est vrai aussi que le Tibet n'a jamais été réellement chinois avant le XXe siècle, dans la mesure où il n'a accepté des relations avec la « Chine » que sous la dynastie Yuan 元代 (XIIe siècle), autrement dit sous une dynastie non chinoise.
Les véritables problèmes relationnels ont commencé avec l'arrivée des communistes. Et, avant les Yuan, les relations sino-tibétaines n'avaient jamais été excellentes.

D'un autre côté, je suis contre un gouvernement dirigé par une religion, quelle qu'elle soit.
Mais cela ne me regarde pas vraiment. Aux Tibétains de choisir.

En tout cas, c'est en grande partie cette confusion qui donne sa force au discours officiel chinois.
Combien de Chinois n'ai-je pas entendu me rétorquer : « Mais c'est nous qui les avons civilisés ! ».
Les dirigeants chinois n'ont certes pas tout à fait tort de dire que les Tibétains n'étaient pas franchement heureux avant qu'ils mettent la main dans leurs affaires, mais après tout, c'étaient leurs affaires.
D'ailleurs sont-ils plus heureux maintenant ? Il y a quelques raisons d'en douter…
Et pourquoi vouloir absolument les « civiliser » à la chinoise ?

Il n'y a qu'à voir le résultat de cette pseudo civilisation sur les autres « minorités chinoises ».
Leur culture n'est plus guère visible que pour les touristes Occidentaux qui s'extasient devant les spectacles de pacotilles qu'on leur montre dans les provinces.
Les Chinois sont fiers d'afficher des centaines d'ethnies vivant en parfaite harmonie sur le territoire, mais c'est au détriment des particularités de chacune. Plus de langue, plus de rites « barbares », juste du folklore.
Tous ceux qui ne se plient pas à ces conditions sont condamnés à la misère dans des provinces très pauvres.

Et puis, le délit de sale gueule est flagrant en Chine. Dès que quelqu'un présente une peau un peu trop bronzée, il n'est pas digne qu'on le respecte. Que de scènes de mépris, voire de violence, n'ai-je vues à Pékin et à Shanghai envers les provinciaux colorés !
Et les a priori valent aussi pour les Occidentaux.
Les premières fois où je suis allée en Chine. Il y avait deux possibilités.
J'avais la peau blanche, un long nez, j'étais donc Américaine et riche, mais, comme je n'étais pas habillée très chic, on me demandait parfois incrédule si j'étais Russe (là, il valait mieux pas, car à la fin des années 80 et au début des années 90, c'étaient les immigrés des Chinois qui venaient faire le sale boulot pour pouvoir s'acheter des téléviseurs et autres machines à laver).

Lorsqu'enfin je disais que j'étais française, alors là, c'est l'étiquette « romantique » qui me tombait dessus. Quant à savoir ce que les Chinois mettent derrière cette étiquette, ça reste à déterminer ;-)

Mais, de ce point de vue, on peut en dire autant des Français. Cette affaire aura peut-être le mérite de leur montrer une facette plus réaliste de la Chine. 

Cependant, comme partout, tout n'est pas blanc ou noir. J'ai aussi rencontré beaucoup de Chinois véritablement curieux des autres cultures.
J'ai même rencontré un communiste, un vrai, dans le 湖南 Húnán. Il ne voulait pas accepter que je lui paie un lait de soja avec des FEC *, alors que moi je le voulais parce qu'il me semblait sympathique et que j'avais envie de lui donner un petit supplément, tout simplement par plaisir. Il a fini par demander conseil aux alentours.
Après conciliabule entre jeunes et moins jeunes du village, il a fini par accepter le billet tout en restant assez dubitatif.

Bref, pour en revenir à notre flamme, désormais, les Chinois sont vexés pour de bon !
Ils avaient déjà subi les assauts des Anglais hier, alors La France aujourd'hui, c'en est trop… Et demain, à San Francisco, que se passera-t-il ? D'énormes banderoles sont déjà accrochées au Golden Gate Bridge…

Donc, vexés, les Chinois ont refusé la cérémonie à la mairie de Paris parce que le maire avait décidé d'y arborer un pauvre petit bandeau bien timide, qui tentait visiblement de ménager les susceptibilités de chacun.
Sur ces entrefaites, les députés français ont suspendu leur séance pour afficher plus clairement leur position.
Là, c'en fut trop !

En guise de représailles, les Chinois ont donc décidé de boycotter tout ce qui est français en Chine.
Pauvres Carpouf et autres n'avions ! ;-)

De mon côté, je propose, avec Pierre Balouhey, de boycotter les produits chinois.
Évidemment, on risque de se trouver plus démunis que les Chinois sur ce coup-là ;-)
Et vu la neige qui est tombée aujourd'hui, on risque d'avoir très froid… Y a plus qu'à s'entraîner pour 2008 !

_______________
  •  Pour ceux qui ne les ont pas connus, les FEC  外汇   (Foreign Exchange Currency) étaient une monnaie à valeur faciale identique à celle des rénmínbì 人民币, mais utilisables uniquement par les étrangers et les grands pontes chinois dans des magasins réservés où l'on trouvait des produits plus luxueux. Au début des années 90, les Chinois cherchaient à échanger ces FEC contre des rénmínbì en proposant le double. Comme nous n'avions pas beaucoup d'argent, on acceptait volontiers cet échange. Pour en revenir à ce monsieur je voulais le payer en FEC pour lui payer plus sans avoir l'air de lui donner un pourboire, ce qui l'aurait probablement vexé. En fait de quoi, il ne savait pas ce que c'était et craignait le pire.

Libellés :

19 novembre 2006

Conférence sur le projet Shanghai's Suzhou River Warehouse, ENSAPB

parc Huangpu 1920Si l'architecture et l'urbanisme vous intéresse, plus particulièrement, les (ré)-aménagements urbains actuels en Chine populaire, rendez-vous :
Le 23 novembre 2006 17h30-19h
à
l'École nationale supérieure d'Architecture de Paris-Belleville (Ensapb)

Amphi 2
78/80 rue Rébéval
75019 PARIS


Organisé par :


Thème de la conférence :
Shànghǎi 上海 : les berges du Huángpǔ 黄浦 et de la rivière Sūzhōu 苏州河.
Réhabilitation du patrimoine industriel (仓库, cāngkù).

Conférencier :
TENG Kun-yen [Dēng Kūnyàn] 登琨豔, 56 ans, architecte et designer qui passe sa vie entre Táiwān et Shànghǎi. Architecte du projet Shanghai's Suzhou River Warehouse, prix Unesco Asia-Pacific Heritage 2004.

Quelques liens :
Quelques photos sur des pages d'un site personnel :

Télécharger la brochure-invitation officielle sur le site encore en sommeil de Sinoiseries.

06 novembre 2006

24 h contre la cybercensure avec RSF / 互联网审查的24小时网络示威 (无国界记者)


Guère le temps en ce moment de surfer… je m'associe en tout cas aux 24 h de Reporters Sans Frontières (无国界记者的24小时), et si vous passez par là, je vous convie à en faire autant, à partir de demain 11h.
En espérant que ce message ne sera pas censuré par Google ;-) Je vous l'accorde, c'est un comble de lutter contre la censure à partir d'un hébergeur qui justement pratique la censure…

http://www.rsf.org
看中文版 : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=19566
français : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=19559

Vous pouvez aussi utiliser ce site miroir si vous n'avez pas accès au site de RSF de là où vous vous trouvez
你从正在的地方不可以用上面的网页,你也可以用那格网页:
http://boraxx.org/24h/